Ma première aventure à l'étranger
Nouvelles | 2020-09-17
Rédigé par François Cataford, Expert technique
Tout ça pour ça!
En 1999, une multinationale de l’automatisation m’a approché pour réparer une application SCADA dans une usine de pâtes et papier. La semaine suivante, je suis assis dans l’avion en direction de la ville de Sumatra en Indonésie… pour un contrat d’un mois.
Déplacements
Vols en classe affaire de plus de 18 000 kilomètres et 26 heures de vols seulement. La classe affaire avec Cathay Pacific… rrrien à voir avec Air Sardines vers Varadero !
Départ de Montréal → Toronto → Vancouver → Hong Kong
Que fait-on quand on doit attendre huit heures dans l'aéroport tout neuf de Hong Kong ? On profite du salon privé qui offre des douches et une bibliothèque ! Malgré une alerte au typhon, je suis tout de même sorti de l'aéroport pour marcher quelques heures dans le centre-ville. La majorité des commerces étant fermés, la ville était presque déserte. Qui peut se vanter d'avoir visité Hong Kong sans habitants…?!
Puis Hong Kong → Singapour → Jakarta
C’est à cet endroit que j’ai eu mon premier choc culturel: Bruno Pelletier chantant Notre-Dame-de-Paris sur TV5.
Ensuite Jakarta → Palembang
« PT. Tanjung Enim Lestari Pulp & Paper Mill », près de Prabumulih, à 130 kilomètres de Palembang.
Arrivée
On m’emmène dans le secteur de la cour à bois, un peu à l’écart de l’usine principale. Là, on m’installe dans la salle de contrôle devant un ordinateur bien ordinaire qui pourrait aussi bien se retrouver à la maison ! L’application ne fonctionne pas bien, la communication est super lente.
On me désigne un nouvel espace de travail. Je débranche l’ordinateur de la salle de contrôle, le rebranche dans mon nouveau local… et zzzip ! Une petite fumée délicate s’élève au-dessus de l’ordinateur ! L’ordinateur avait été acheté à Montréal où les prises de courant sont de 110 volts. En Indonésie, le courant standard est de 220 volts. Malheureusement pour moi, seulement les prises de la salle de contrôle avaient été converties à 110 volts, mais 'e part ailleurs dans l’usine (incluant mon nouveau local) !
Vu qu’on est en 1999, il a fallu que j’attende une semaine pour que l’alimentation de l’ordinateur soit réparée.
Installations
Souvent, dans ces projets, l'hébergement est situé près de l'usine. Il y a un village « très bien » pour les expatriés qui sont là pour longtemps, un autre village « bien » pour les visiteurs, et des constructions typiquement Indonésiennes avec murs de planches bâtis sur la terre et qui tiennent un toit, pour les ouvriers.
Ma chambre comportait une salle d'eau avec sanitaires à la turque partagée avec le voisin... là je n’en dirai pas plus.
Les transports vers la cantine et les logements se faisaient avec des navettes. Il n'y avait aucune bestiole; que des poules, des chèvres et des buffles qui se promènent autour. On se faisait réveiller par les coqs et par le muezzin !
Les bureaux des ingénieurs du projet ainsi que la salle de contrôle étaient dans une autre section de l'usine. Pour s’y rendre, il fallait prendre une navette et passer par l'entrée de l'usine qui était toujours surveillée par la police et l'armée.
Vue aérienne de l’usine
Procédé
Dans le procédé pour lequel j'ai été appelé, on devait réduire les troncs arbres en « chips ». Comme un robot culinaire qui tranche les carottes en rondelle, mais en plus gros. Le disque de coupe devait peser plusieurs tonnes, il était entrainé par deux énormes moteurs, et on devait changer ses couteaux aux 45 minutes. Il n'y avait pas d'arrêt d'urgence pour cette machine. Si quelqu'un y tombait, il n'en resterait rien... Lorsque le procédé était en fonction, ça faisait un bruit infernal.
Logiciels
En 1999, les applications de contrôle de procédés pour les PC se nommaient HMI (Human-Machine Interface). Elles affichaient principalement les états d'un procédé, les alarmes et permettaient à l'opérateur d'exécuter des commandes simples comme démarrer et arrêter des moteurs ou ouvrir et fermer des vannes. Il était aussi possible d'afficher des graphiques de tendances avec un historien rudimentaire. Les interactions avec les bases de données comme nous le voyons aujourd’hui n'étaient certainement pas courantes !
À cette usine, l'application utilisée était Monitor Pro sur Windows 95. C'est une application qui avait vu le jour sous le nom de « Factory Link » de US Data qui fonctionnait sur DOS. Elle a aussi été vendue par Modicon sous le nom de « Unicell PC ». Schneider Electric a finalement acquis la compagnie et en a profité pour renommer le logiciel.
Solution
À cette époque, les ordinateurs n’étaient pas très performants et tous les détails dans une application de contrôle avaient leur importance. Dans cette application précise, la lecture des variables provenant de l’automate était lue dans une table, par ordre alphabétique. Alors le pilote de communication lisait l’état d’une variable à l’adresse mémoire qui lui était désignée, puis passait à la variable suivante à une autre adresse qui pouvait être dans un autre bloc très éloigné de la précédente variable. Cette lecture était très inefficace.
La solution que j’ai dû apporter, n’a été que de modifier la table des variables pour les trier par adresses !
Toute cette aventure pour une demi-journée de travail.
Rédigé par François Cataford | 17 septembre 2020
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